ART MODERNE ET CONTEMPORAIN DESIGN
Dont collection Léon Lef Forster
21 novembre 2025 à 14:00 - Hôtel Drouot - Salle 10
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Collection Léon-Lef FORSTER : Singulière, brute ou naïve ?
Grand avocat pénaliste né en 1947, Léon-Lef Forster est connu pour son engagement dans la défense de personnalités politiques de
premier plan et pour son engagement constant dans les causes antiracistes. Ténor du barreau et Chevalier de la Légion d’honneur, il
est également un collectionneur d’art passionné, cultivant une vision éclectique et foisonnante de la création. Défenseur de formes
d’expression parfois radicales, il ne s’attarde ni sur la cote des artistes, ni sur la mode ou la spéculation : Léon-Lef Forster achète selon
son instinct et son désir.
Lunettes sur le bout du nez, bâton de réglisse vissé à la commissure des lèvres, Maître Forster m’accueille dans sa demeure aux allures
de cabinet de curiosités du XXe siècle. Dans le grand salon richement décoré et mouluré, la lumière de l’imposant lustre corbeille se
diffuse dans les vaporeuses effluves de tabac. Dans ce climat de légère torpeur, le visiteur est épié par les yeux des masques d’arts
premiers ou de Guanyin. Les ivoires sculptés et autres antiquités se dressent sur le secrétaire, la cheminée et le cabinet. Aux murs, les
grands dessins de Micha Laury et d’Hervé Télémaque dialoguent avec les formats de Philippe Pasqua et d’Agata Siecińska, côtoyant
une sélection raffinée de portraits du XVIIIe siècle et une superbe toile de l’atelier de Poussin.
« Je suis un collectionneur compulsif », me dit-il, le regard vif et rieur. Confidence euphémique, lorsque l’on sait qu’une infime partie de
sa collection seulement orne son appartement. Un petit Louvre en somme : quelques oeuvres exposées, le reste à l’abri des regards.
L’inventaire complet du commissaire-priseur prendrait plusieurs jours.
Amoureux de l’art contemporain et curieux de la découverte de jeunes talents, Léon-Lef Forster acquiert au fil du temps aussi bien
en galerie qu’en vente aux enchères. Il se lie d’amitié avec Éric Dupont, fondateur de la galerie éponyme, et Frédéric Roulette, de
la galerie Les Singuliers.
« Singulière, brute ou naïve » : cette formule me vient d’ailleurs spontanément pour qualifier l’esprit de la collection. L’expression fait
écho à une exposition emblématique du Musée d’Art moderne de Paris en 1988, qui proposait de donner une tribune aux jeunes
créateurs et de redéfinir les formes émergentes de la création. On y retrouvait Mickaël Bethe-Sélassié (1951-2020) et Jaber (1938-
2021), deux artistes également présents dans la collection. Cette appellation consacre, sans les réduire, ces courants et leur accorde
toute la place qu’ils méritent dans l’histoire de l’art contemporain.
En parallèle, coexistent des artistes d’horizons divers : un dessin d’Albert Bitran (1931-2018) avec des oeuvres de Marine Joatton (née
en 1972) ou de Yazid Oulab (né en 1958), tandis que des toiles d’Anne van der Linden (née en 1959) rencontrent celles de Gérard
Guyomard (né en 1936) et de Pierre Bettencourt (1917-2006).
« Il y a un côté très artistique dans ma collection », souligne-t-il. Si, par « artistique », Léon-Lef Forster entend la profusion, la recherche
plastique ou cette dissonance subtile qui grandit en nous lorsque nous tombons amoureux d’une oeuvre, alors oui, cette collection
est profondément artistique.
Au flâneur, rêveur, collectionneur, amateur d’y trouver sa propre cohérence.
Ugo LEVOYER